Les clubs français et la Ligue Europa

Quand on parle coupe d’Europe de clubs, on pense inévitablement a la Ligue des Champions (C1), et sa piste aux étoiles, à ses artistes, ses buteurs, ses matchs de Légende ses stades bouillants. Il existe cependant une antichambre à cette compétition, la Ligue Europa, ou encore C3. Cette Ligue Europa, rassemble les clubs placés lors de la saison précédente, mais non vainqueur de leur championnat, ou encore les vainqueurs des coupe nationales des pays affiliés à l’UEFA, qui avait pour habitude de s’affronter lors de la défunte Coupe des coupes (C2). Lors de cet article, nous allons donc traiter de cette Ligue Europa, et tenter de comprendre pourquoi les clubs français, avec les moyens qui sont les leurs ne parviennent pas à s’imposer, et pire encore, pourquoi ne jouent-ils pas le jeu.

La Ligue Europa, c’est quoi?

La Ligue Europa c’est tout simplement le second niveau du football européen de clubs. Il s’agit d’une compétition annuelle, qui remplace l’ancienne Coupe de l’UEFA depuis 2009. La compétition s’étend sur 9 mois, de Septembre à Mai et met aux prises 48+8 équipes (Sans tenir comptes des tours préliminaires de qualification). Le premier tour s’étend généralement de Septembre à Décembre, et se compose de 12 groupes de 4 équipes. Les 4 équipes de chaque groupe s’affrontent sur la base de rencontre aller/retour, et les deux équipes ayant le plus de point à la fin de ce premier tour continue la compétition. Nous avons donc 24 qualifiés à l’issue de cette première phase. Ces 24 équipes se voient compléter par les 8 équipes qui ont terminés troisième de leur groupe lors du premier tour de la Champions League, portant le total à 32 écuries qui s’affronteront en 16eme, 8eme, ¼ et ½ finales sur des confrontations aller/retour. La Finale quant à elle se joue sur terrain neutre en une seule confrontation, dans le courant du mois de Mai.

Les 48 équipes participant initialement à ce tournoi sont composées par les 3eme, 4eme, ou encore 5eme des principales ligues européennes de la saison passée, plus les vainqueurs des coupes nationales, et des coupes de la ligue pour certaine fédérations, et enfin, des champions des ligues européennes que nous qualifierons de plus modestes. Pour vous donner une idée, sur un tournoi à 48 équipes, nous pouvons considérer qu’environ 5 ou 6 équipes au nom fameux se détachent par comparaison à d’autres équipes d’Europe de l’Est ou de championnat mineur, pratiquement inconnus à nos oreilles occidentales.

Il est où le problème?

Le problème est très vite repéré, les clubs français ne gagnent pas alors que sur le papier ils semblent en avoir les moyens!

Revenons quelque peu en arrière : Depuis 2001 et la victoire de Liverpool, voici la liste des vainqueurs de cette Ligue Europa : Feyernoord Rotterdam, FC Porto, Valence CF, CSKA Moscou, FC Séville par deux fois, Zénith Saint Petersburg, Chakhtar Donetsk, Atletico Madrid, FC Porto et Atletico Madrid. Dans le même temps, les clubs français ont présenté des équipes de qualité, tel l’Olympique Lyonnais, le PSG, les Girondins de Bordeaux ou encore l’Olympique de Marseille, seul club français à avoir tenu son rang en atteignant par deux fois la finale de cette compétition en 1999 et 2004. Des équipes qui donc, sur le papier, et j’insiste sur cette précision, semble faire plus peur que le Feyenoord Rotterdam, le CSKA Moscou ou encore le Chakhtar Donetsk. Insistons encore un peu plus sur la saison passée et attardons nous quelque peu sur les bourreaux de nos clubs français : Le FC Sochaux est tombé au premier tour face au Metalist Kharkiv, club qu’environ 1% de nos lecteur saurait situer sur une carte, et sur le score de 4-0 à la fin de la double confrontation. Le PSG est quant a lui tombé lors de la phase de poule, dans un groupe rassemblant la formation francilienne version qatarie, l’Atletic Bilbao, le Red Bull Salzbourg et enfin le Slovan Bratislava. Le stade rennais est difficilement blâmable, compte tenu du groupe dans lequel il est tombé : Atletico Madrid (Futur vainqueur), Udinese (Toujours classé dans le championnat italien) et enfin le Celtic Glasgow. Aucun club français ne terminant 3eme de son groupe en Ligue des Champions, l’aventure tricolore en Ligue Europa s’achève donc dès Décembre, sans gloire. Interrogeons nous à présent sur les raisons de ces fiascos à répétitions.

 

Pourquoi les clubs alignent-ils leurs « équipes B »?

La première explication qui nous vient à l’esprit est indéniablement l’aspect financier de la compétition, qui semble extrêmement limité comparé à une participation à la C1. Quelques données chiffrées : Plus de 30 millions d’euros de prime pour une victoire en C1, environ 8 millions d’euros pour une victoire en C3, le calcul est rapidement fait. Ces deux compétitions n’évoluent pas dans la même galaxie financière.

Le discours des clubs est d’ailleurs paradoxal, puisque courant Juillet/Aout d’une année 1, le club veut se qualifier « Pour l’Europe » comme on l’entend souvent, admettons qu’il y parvienne, et lors de l’année 2, l’équipe ne joue pas le jeu dans cette compétition qui représentait pourtant un objectif la saison précédente. C’est le paradoxe français!

Il semble donc que les clubs tombent dans ce foot business, et ne voit plus l’intérêt sportif comme prioritaire. Alors évidement, ce n’est pas nouveau, mais c’est toujours dommage de constater ce genre de manquement, d’autant plus qu’à l’heure actuelle, une victoire d’un club français en Ligue des Champions semble plus qu’impossible, tant des équipes comme Barcelone, Le Real Madrid, ou encore Chelsea et les clubs anglais dominent cette compétition de la tête et des épaules.

La deuxième explication pourrait venir du calendrier des équipes françaises. Lors d’une saison, un club français participent au championnat de Ligue 1, à la Coupe de France, à la Coupe de la Ligue, et à une coupe d’Europe. Petit calcul rapide : Une équipe qui serait invincible et qui gagnerait chacune des compétitions à laquelle elle prend part jouerait par saison 38 matchs de Ligue 1, 4 ou 5 match de Coupe de la ligue, 6 matchs de Coupe de France, et 13 matchs de Ligue des Champions, pour un total donc de 62 matchs par saison environ. Les compétitions s’étendent sur 9 mois, ce qui nous donne donc une moyenne d’un match tous les 4 jours sans compter la mini trêve de Décembre. Il semble donc impossible pour une équipe de jouer tant de matchs, car la profondeur de banc fait défaut, et peut être aussi la motivation à un moment donné. La solution à apporter à ce problème serait une refonte du calendrier. Si Monsieur Thiriez veut des idées il n’a qu’à nous consulter, nous en avons plein la tête. Dans un premier temps, il semblerait nécessaire de repasser vers un championnat à 18 équipes, alors peut être que moins d’argent serait redistribué en droits d’image, mais un resserrement des clubs rimerait avec moins d’équipe mais plus de matchs de qualité. Toujours dans le cadre de la Ligue 1, il semblerait nécessaire d’instaurer une treve de plusieurs semaines sur le modèle de la Bundesliga, afin d’offrir un meilleur temps de récupération a mi championnat, pour terminer l’année civile sans trop de calcul et d’être assurer de repartir avec des hommes frais pour le printemps et les joutes européennes. Intéressons nous enfin à la Coupe de la Ligue, la solution semble simple : Il faut la supprimer. Une compétition à des fins purement économique et dénuée d’intérêt sportif. Le concept, de cinq matches pour jouer l’Europe la saison suivante, compétition pour laquelle les clubs ne s’investissent plus, semble dépassé.

Après ces quelques modifications, il semble plus probable que les clubs français jouent le jeu à fond dans cette Ligue Europa.

Les conséquences de ce manque d’investissement

Si nos clubs hexagonaux continuent à suivre cette tendance, c’est l’ensemble du football français qui est menacé. En effet, chaque année, l’UEFA publie un classement des championnats européens qui sert à attribuer les places par fédération pour les compétitions européennes de la saison suivante. Et a ce petit jeu, les portugais, ou encore les russes font tres fort. Sans victoire en C1, et donc par le biais de la Ligue Europa (excepté Benfica et son ¼ de finale de C1) où ces pays s’investissent beaucoup plus que nos clubs français, ces nations grappillent place après place, et nous relèguent a un rang moins prestigieux. Les conséquences sont les suivantes, les clubs français voient leur nombre d’équipes diminuer lors des joutes européennes annuelles, en participant à des tours préliminaires supplémentaires.

En espérant que Lyon, Marseille et Bordeaux jouent le jeu à fond cette année, car le football français à vraiment besoin de leur action rapide afin de remporter pour la première fois, ce trophée qui nous fait défaut.