Le collectif SOS-Ligue 2 s'attaque à la Ligue

A l'occasion de cette période estivale 2012, celles et ceux qui ont eu l'occasion d'assister à des matchs de pré-saison tels que Caen - Le Havre, Nîmes - Marseille (voir photo) ou encore Saint-Etienne - Lens, ont pu prendre conscience du message. Vendredi soir encore, pour la première journée de ligue 2, des banderoles ont pu être aperçues et notamment lors du match Le Havre - Arles Avignon, diffusé en direct sur BeIn Sport. Sur cette banderole, une phrase  "non aux matchs à 18h45" et une adresse internet "sos-ligue2.com". Explications.

Photo prise à l'occasion du match amical Nîmes - Marseille le 20 juillet

Le collectif sos-ligue 2 a été créé au cours de la saison 2004 - 2005 avec l'arrivée des matchs du vendredi soir. En ligne de mire, la Ligue de Football Professionnel et son président Frédéric Thiriez, accusé d’exercer une politique qui va complètement à l’encontre des intérêts des supporters et d’être uniquement guidé par l’aspect économique.

Avec l’arrivée de BeIn Sport et son directeur Charles Bietry dans le paysage mediatico-footballistique, le conflit vient de prendre une autre tournure à laquelle ne s’attendait peut-être pas le président de la ligue. En effet, en obtenant les droits TV de la Ligue 1, mais aussi de la Ligue 2, la chaîne qatarie, pour éviter de déborder sur le grand match de Ligue 1 le vendredi à 20h45, a décidé de programmer un multiplex Ligue 2 à 18h45. Une décision qui suscite incompréhension mais surtout indignation de la part du collectif, qui craint malheureusement à juste titre qu’une telle décision ait une conséquence désastreuse sur la fréquentation des stades de ligue 2. Des rencontres à 18h45 qui empêcheraient les supporters de ces clubs "à rayonnement plus régional que local" de se rendre dans les stades.

Message diffusé par le collectif contre la politique menée par la ligue

Déjà, les chiffres de la ligue 2 montrent bien que le taux de remplissage des stades est parmi les plus faibles des 2^ème divisions européennes (seulement 42 % la saison dernière pour l’ensemble des clubs). Mais il est clair qu’avec de tels horaires, ce chiffre risque de descendre bien plus bas. Et si la programmation des matchs par la chaîne du groupe Al Jazeera ne doit pas masquer le manque d’engouement flagrant pour les rencontres de 2^ème division, il n’en demeure pas moins qu’avec de telles mesures, on risque de « tuer » les derniers inconditionnels, qui sont en réalité le cœur et la base du supporterisme en France.

C’est pourquoi le mouvement prend de plus en plus d’ampleur aujourd'hui. Le collectif reçoit le soutien de nombreux groupes de supporters de clubs de ligue 2, mais aussi de national et de ligue 1, solidaires de leurs camarades. Ils reçoivent par ailleurs des soutiens politiques, mais aussi des médias. Certains joueurs, entraîneurs et présidents de clubs se sont eux aussi associés au collectif. Une pétition a même été signée par presque 9 000 personnes, preuve que la démarche n’est pas seulement qu'une tentative vaine de quelques supporters isolés (je vous invite d'ailleurs à aller la signer : http://www.sos-ligue2.com/signez-la-petition/).

Pour le moment, la LFP joue la sourde oreille, sûre de son fait, et ne s’émeut guère de ce mouvement de contestation. Pire encore, la ligue, par un communiqué du président Thiriez, en plus d’expliquer qu’il ne "reviendra pas en arrière", invite gentiment le collectif à ne pas "céder à la facilité de la stigmatisation du foot-business et à la marchandisation du football" et rappelle que l’argent de ces droits TV permet à leur club de survivre. En bref, il les invite à se taire. La réponse du collectif ne s’est pas faite attendre, bien décidé à jouer le rôle qui est le sien et à faire valoir leurs revendications. Et ainsi commencer à brandir certaines menaces (envahissement de terrains, banderoles hostiles, voire même jusqu’au boycott des rencontres) qui si elles venaient à être mise à exécution risquent bien de donner du fil à retordre à la ligue.

Le président Thiriez bien décidé à ne pas céder aux revendications du collectif

Pour l'instant Frédéric Thiriez n’entend céder du terrain à personne. Mais les conflits qui l’opposent aux clubs et à leurs supporters ne font que commencer. Preuve en est de nouveau, suite à la décision prise par le diffuseur BeIn Sport de programmer cette saison des matchs de ligue 1 à 14h00 en plein mois d’août. Le président de l’Olympique de Marseille Vincent Labrune s’en est effet pris à la ligue ainsi qu'à la chaîne qatarie suite à sa décision de programmer les 2^ème et 3^ème journées de championnat de son équipe le dimanche à 14h00. Il s’est exprimé à juste titre dans La Provence, parlant de décisions prises "en dépit du bon sens", qui "ne tiennent absolument pas compte de l’intégrité physique des joueurs". Comme le collectif, il aimerait lui aussi comprendre "les raisons qui dictent ces choix abracadabrantesques".

Il apparaît clair que la LFP devrait se méfier, car en méprisant non seulement les supporters, mais aussi les clubs, joueurs comme présidents, ce sont des grandes familles d’acteurs du football qui sont sur le point de s’allier contre de telles décisions. Comme nous l'entendons malheureusement trop souvent, le football est aujourd’hui dirigé dans ses plus hautes sphères par des énarques, qui visiblement préfèrent le vert des billets à celui de nos terrains de jeu. Et si nous pouvions nous permettre de donner un conseil : "L’argent n’achète pas tout Monsieur Thiriez, certainement pas le silence des vrais amoureux du football. Vous auriez tort de penser le contraire".