Le duo Monaco / PSG est-il un frein ou une locomotive pour la Ligue 1 ?

En cette période estivale, les débats sur la prochaine saison en Ligue 1 bat son plein. L'OM et l'OL pourront-ils se replacer dans le trio de tête ? L'ASSE ou Nice assumeront-ils leurs statuts de nouvel outsider ? Le PSG conservera-t-il son titre ? Est-ce que Monaco peut prétendre au podium pour son retour en Ligue 1 ? En parlant de ces deux mastodontes, une idée m'est venue. On se plaignait auparavant en Ligue 1 d'avoir toujours un champion différent qui disparaissait la saison suivante. On pense de suite à Lille, à Bordeaux ou Montpellier récemment. Pour le suspense de la L1 c'est le top, mais les amateurs s'accordent à dire que sur la scène européenne, ce chamboulement constant a causé la perte de compétitivité du football français lors des coupes européennes. Alors est-ce que le PSG ou le nouveau riche monégasque seront-ils des freins ou des locomotives pour cette L1 française ?

I / Souvenons-nous de l'époque lyonnaise

De 2002 à 2008, l'OL remporte successivement 7 titres de champions d'affilés et fait exploser les records. L'équipe était le moteur du championnat sur la scène européenne en allant régulièrement en quarts de finale de la LDC et le réservoir de l'équipe de France. Les avis sont claires, l'Olympique Lyonnais était la locomotive de la Ligue 1. Cependant, elle manquait cruellement de rivaux à sa hauteur. On a bien eu Monaco, Lille, Bordeaux voire Marseille mais aucune de ces équipes n'a tenu sur la durée. Et, on le sait, une équipe de football a besoin de concurrence afin de donner le meilleur de soi et faire évoluer son entourage. Une compétition saine est profitable à tous. Pour le public, les médias, les clubs, les sponsors. C'est un engrenage vertueux. En l'occurence, elle ne l'était plus. Lyon était imbattable en France mais loser en LDC (je regrette toujours ces éliminations en quarts par le PSV ou le Milan AC). A vouloir acheter tous les meilleurs joueurs du championnat, l'OL affaiblissait la conccurence mais arrivé face aux grosses écuries européennes, le manque de concurrent à sa hauteur en France la désavantageait face aux équipes anglaises, allemandes ou italiennes. En somme, cette époque doit nous rappeler qu'une seule équipe qui domine de la tête aux pieds son championnat n'est pas valorisant en coupe d'europe. En particulier le championnat français. L'exemple Lyon a tout de même servi d'inspiration à toutes les formations tricolores.

II / Ce qui se passe ailleurs

En Angleterre, depuis une décennie c'est le même quatuor de tête qui revenait. Pas toujours le même champion mais en général quatres équipes sortaient du lot et servaient de locomotives à son championnat. Liverpool, Manchester United, Arsenal et Chelsea étaient le Big Four. Liverpool remplaçait depuis peu par Manchester City. On peut même parler de Big Five avec les Spurs de Tottenham. Cinq équipes qui tirent vers le haut le niveau de la compétition et permettent aux équipes de se présenter en coupe d'europe serein de leur potentiel (quoique vu l'an dernier...). Serein en coupe d'europe et bénéfique localement où la Premier League est une compétition disputée avec des grandes équipes, des grands joueurs. Les médias sont omniprésents pour transmettre les rencontres et les sponsors se battent pour être affichés et profiter de cette notoriété. Au plus grand bonheur du public qui voit son équipe alignée des grands noms et proposée des grandes affiches.

En Allemagne, le Bayern Munich a repris la main cette année et risque de ne plus la lâcher avant quelques temps. Auparavant, la Bundesliga avait comme tête d'affiche le Borussia Dotmund, Schalke 04, Leverkusen voire Wolfsburg et Stuttgart il y a quelques années. Un championnat là aussi où le public est omniprésent, et cette ferveur populaire, cette compétition, cette incertitude a conquis les médias et les sponsors qui dépensent sans compter.

En Italie avant la grosse crise qui frappe la Serie A, ce championnat était une référence en terme de suspense et de passion. L'AS Rome, le Milan AC, l'Inter et la Juve constituait le Big Four italien. Un Big Four tirant le championnat vers le haut avec une bataille féroce pour le titre et une grosse présence en coupe d'europe. C'était le championnat où chaque joueur rêvait d'évoluer. Aujourd'hui, la Juventus est trop seule et le public a déserté les stades. Voir un lien de case à effet ? Peut-être...

Enfin, en Espagne le seul suspense est de savoir qui du Barça ou du Real sera champion. Derrière, 3-4 équipes se battent pour se qualifier en ligue des champions et en europa league.

En bref, vous l'avez compris chaque championnat a ses leaders historiques et d'autres équipes tendances depuis des années. Des équipes généralement stables qui tirent leur championnat vers le haut car il n'y a pas une seule équipe potentiellement champion mais 2-3 ou 4. Que serait le Real sans le Barça et vice versa ? Un championnat avec plusieurs potentiels vainqueurs attirent la curiosité du public, et si le public suit les médias suit, et si les médias suit... les sponsors suit... Même en temps de crise, le football reste un sport à part où des millions sont en jeu.

III / Alors le PSG et Monaco peuvent-ils être des freins ?

" Beaucoup d'équipes ne pourront pas lutter contre Monaco et Paris. Encore faut-il qu'à Monaco la mayonnaise prenne, puisque Paris a un peu d'avance. Cependant, c'est bien, ce sont des locomotives pour la Ligue 1. Cela va remplir des stades. Il faut voir ça d'un bon oeil surtout actuellement. Dans le contexte économique français, les aides étrangères ne peuvent être que bénéfiques. Peut-être qu'ils domineront largement la Ligue 1, nous verrons." Ces paroles sont signés Marc Planus, le défenseur bordelais. Il résume en quelques phrases ce que tout le monde pense. Avec l'arrivée des Qataris à Paris, la L1 a pris une dimension internationale. Elle est passée du statut de championnat obscure à championnat qui attire la curiosité.LA preuve avec l'arrivée de Simon Kjaer, solide défenseur danois passé par la Roma ou wolfsburg, au LOSC qui déclare être fier de rejoindre le championnat de France : «l'endroit où il faut être aujourd'hui».

La signature d'Ibrahimovic, de Thiago Silva, Beckham, Cavani ou Lucas a carrément fait passer le statut du PSG de grosse écurie internationale. L'europe entière connaît Paris et c'est la Ligue 1 qui en bénéficie. Le nouvel arrivant de la Côte d'Azur ajoute une corde à l'arc du championnat qui désire mieux se vendre à l'étranger, attirer les investisseurs et améliorer sa visibilité. Donc a priori, en quoi ces deux équipes seraient des freins pour le développement du football français ? La Ligue de football professionnel (LFP) est même en passe de signer un contrat de diffusion de la Ligue 1 la Russie. Un contrat d’une durée de deux ans pour la LFP, qui travaille activement sur le développement des droits TV de la Ligue 1 à l’étranger (une trentaine de millions d’euros par an mais merci Rybolovlele hein).

En conclusion, oui d'un côté le PSG et l'ASM sont des véritables locomotives pour la France. Une France bien malgré elle touchée par la crise et qui n'est pas contre l'arrivée de nouveaux capitaux pour redynamiser son économie, redorer l'image de son championnat, et voir fièrement ses clubs se frotter aux meilleures équipes européennes. Parallèlement elle attireraint plus aisément supporters/médias/sponsors pour le  plus grand bonheur des 18 autres clubs qui peuvent rêver d'une augmentation de ses revenus. Cependant, dans ce monde rose il est indispensable de souligner que pour être des locomotives, ces deux clubs vont devoir non seulement investir en France en achetant des joueurs locaux. Il n'en pas sans dire que le triomphe de Lille est dû en grande partie à ses multiples ventes réalisés à Lyon (Bodmer, Keita, Bastos, Makoun). Mais surtout, elle devra se montrer performant en LDC afin de préserver ses vedettes et attirer les autres joueurs qui intègreront la France dans leur plan de carrière. Si l'une ou l'autre, voire ses deux conditions ne sont pas respectées, on risque de se retrouver avec un championnat à 2 têtes comme le Real/Barça, avec quelques outsiders et 15 équipes qui se battront pour le maintien et qui ne profiteront pas de la manne financière.

Comments

[jojo83]

Salut AtemMoussa,



Je suis assez d'accord avec ton commentaire, il y a un vrai risque d'avoir un championnat à deux vitesses. Si ces clubs investissent en France, on pourra s'y retrouver, mais dans le cas contraire, les écarts entre ces clubs ne pourront que s’agrandir.

Content de voir qu'il y a quelqu'un d'assez d'accord avec moi, si tu as écouté le dernier podcast tu as du voir que je me suis fait plutôt malmené... ^^.

[AtemMoussa]

Salut,

Je ne pense pas que ce soit une bonne chose pour l'ensemble de la Ligue 1. Elle risque de devenir un peu comme la Liga qui revient toujours au Barca ou au Real Madrid.