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Eleven Football Club
26 novembre 2013

Le scandale Qatari ou ces joueurs menacés de chantage

Le Qatar... Ce petit pays aussi grand que la Corse... un pays réputé pour ses pêcheurs de perle, son pétrole, ses constructions démesurées... Tout a commencé avec quelques vieilles gloires qui s'exilaient pour arrondir leurs fins de mois avant la retraite, puis Malaga, puis vient le PSG, s'en suit avec le fabuleux honneur d'avoir été le premier sponsor maillot de Barcelone (UNICEF c'était gratuit hein), et maintenant ils organisent la Coupe du Monde 2022 après s'être monnayé les soutiens de Zidane et Guardiola. Bref, l'ascension du Qatar dans le monde du football est aussi fulgurante qu'extraordinaire. Pas un jour ne passe sans que l'on ne parle d'eux (en bien ou en mal). Je ne reviendrais pas dessus, là n'est pas mon objectif. Mon objectif est de mettre en lumière une face cachée de ce pays. La face sombre que les Qataris essaient de cacher, quitte à menacer. Cette face sombre, ce sont ces joueurs, ces entraîneurs, ces entrepreneurs, ces salariés étrangers, qui sont retenus contre leur gré dans un pays qui leur interdit de quitter le territoire avant d'avoir remboursé tout ce dont ils ont bénéficié ! Vous connaissez l'autorisation de quitter le territoire ? Non ? Normal, ça n'existe qu'au Qatar et en Arabie Saoudite. Sans ce titre, vous restez bloqué. L'histoire que je vais compter ci-dessous est celle de Youssouf Hadji, Abdesslam Ouaddou et Zahir Belounis, des personnalités qui ont été médiatisées récemment. Derrière les pétrodollars, se cache en fait un pays plein de vices et qui a une vision des Droits de l'Homme bien spécifique...

 

Youssouf Hadji & Abdesslam Ouaddou 

Youssouf-Hadji

« Comme d’autres étrangers au Qatar, j’ai été confronté à une situation difficile. Les Qatariens souffrent d’une mauvaise image, car il y a des personnes qui agissent de manière inadmissible. J’en suis victime, je suis bien placé pour en parler."

" Ces pressions – jamais physiques, toujours psychologiques, ce qui n’est pas forcément mieux – se sont intensifiées quand j’ai décidé, via mon avocat, de déposer une requête à la FIFA. Ils m’ont fait du chantage, en me disant que si je poursuivais mon action, je n’aurais pas mon visa de sortie pour quitter le Qatar. » Des mots prononcés par Youssouf Hadji au magazine l'Equipe en Octobre 2013 suite à son départ du Qatar, après son passage totalement foiré du côté d'Al-Arabi. Le marocain de 33 ans s'était engagé l'an dernier pour ce club. Cependant...

"Fin septembre 2012, Pierre Lechantre, l’entraîneur, a été viré et remplacé par l’Egyptien Hassan Shehata. En arrivant, il a déclaré qu’il voulait changer presque tous les joueurs. À ce moment-là, j'étais blessé. Du jour au lendemain, j'ai été mis à l'écart de l'équipe, puis on ne m'a plus payé. Je suis allé demander des explications. Au début, on me disait que cela allait s’arranger. Puis on m’a vite ignoré. Par contre, je n’avais pas intérêt à rater une séance d’entraînement, sinon, c’était une faute professionnelle. Mais eux ont le droit de ne plus respecter un contrat, une personne…". No comment. S'il arrive à quitter le pays par la suite, Hadji reçoit encore des menaces venant de ce petit Etat du Golfe pour renoncer à ses droits et annuler la procédure avec la FIFA qu'il a lancé pour se faire payer ses 20 mois de salaires qui lui sont dus.

Pour un autre Nancéen, et un autre marocain (décidément...), Abdesslam Ouaddou. Je vous propose de regarder ce reportage mené par France 3 où le joueur explique tout sur les conditions de vie de ce pays. Ouaddou est actuellement en croisade contre ce pays pour dénoncer, faire ouvrir les yeux de l'opinion publique sur les scandales qu'il a pu vivre.

Il rajoutera dans un témoignage accordé à l'Est Républicain : "ils ne veulent pas déroger au système de Kafala, à leurs lois. C’est un « sponsoring-ship », c’est-à-dire que lorsque vous travaillez là-bas comme étranger, vous êtes forcément sous la tutelle entière de quelqu’un. Vous êtes pieds et mains liés. On ne peut pas se libérer de son employeur, la tutelle est totale. En cela, le football est une activité comme une autre. On est dépendant de cette loi archaïque et barbare, d’un autre siècle. Les droits de l’homme et de la femme sont bafoués en permanence." On appelle ça de l'esclavage...

" Je reste en conflit et en litige avec eux, car ils ont arrêté de me payer. Mais ça n’est pas propre au Qatar, le foot pratique ainsi, ce n’est pas le souci. Ce qui est important, c’est qu’en raison de leur système, on est prisonnier là-bas, pris en otage. Ils gardent votre passeport, vous ne pouvez plus sortir. Je connais deux entraîneurs qui sont dans cette situation, ils crèvent de faim. Le but pour moi est de sensibiliser sur ce drame. Quand j’ai commencé, je n’étais qu’un sportif. Et on considérait peut-être que je n’avais pas à me plaindre, car j’avais gagné de l’argent. Mais je suis un travailleur, aussi. Il y a des citoyens français retenus au Qatar, des industriels, je me bats pour eux." Et c'est là où on tilte qu'il y a un vrai problème là-bas mais que personne n'ose soulever de peur des chantages qui leur sont faits.

Et enfin, ultime citation de ce témoignage au sujet de la Coupe du Monde 2022 : "Je vous dis simplement qu’il est strictement impossible de jouer l’été. Il fait 50 °C, avec un taux d’humidité de 80 %. J’y ai joué, les gars marchent pendant les matches. Un Colombien, Christian Benitez, est mort d’un arrêt cardiaque l’an passé. Mais personne n’en a parlé."

Zahir Belounis, Stéphane Morello et d'autres

Je vous propose de lire ci-dessous la lettre de Zahir Belounis, footballeur franco-algérien de 33 ans retenu depuis maintenant deux ans au Qatar avec sa femme et ses enfants. Cette lettre est destinée à Zidane et Guardiola afin de pouvoir intervenir dans le vie de cet homme grâce à leur influence. France Football a pu la récupérer.


http://www.francefootball.fr/news/Lettre-de-belounis-a-zidane-et-guardiola/416993


En arriver là, c'est tout de même difficile. Et très poignant à lire. En plus de Belounis, l'histoire de Stéphane Morello commence à se faire connaître. Cet entraîneur français qui était retenu là-bas depuis 2009 vient tout récemment de recevoir son autorisation de quitter le territoire. Ou Ram Kumar Mahara, ouvrier sur les chantiers de la Coupe du Monde. Il s'est plaint à son chef. Il s'est donc fait exclure, n'est plus payé et mendie aujourd'hui pour manger et survivre.

Stephane Morello, entraîneur, français et bloqué

 

En conclusion, ces exemples prouvent que les Qataris véhiculent à travers le sport une excellente image d'un pays plein d'ambition et désireux d'améliorer les choses. Le rêve de créer la plus grande, la plus inoubliable de toutes les Coupes du Monde a de quoi faire saliver les amoureux de foot et la FIFA. Je ne souhaite pas critiquer ici ouvertement ce pays, ni ses traditions, ni les raisons pour lesquels ils investissent des milliards à travers le monde. Mais en grattant, on s'aperçoit des méthodes esclavagistes courantes dans cet état. Belounis, Hadji, Ouaddou ont osé en parler pour nous ouvrir les yeux. Quid de ces milliers d'autres étrangers (sportifs ou non) qui vivent une situation similaire, mais qui ont décidé, par peur, de se taire ? Tout ça pour réclamer leurs dus tel qu'il était inscrit sur le contrat. Ils sont alors pris en otage tant qu'ils ne signent pas une lettre de renonciation à leur droit pour ainsi quitter le pays. Cette lettre est le seul moyen d'obtenir un visa de sortie. Une mentalité à deux vitesses. N'oubliez pas le mot Qatargate car c'est un terme qui sera régulièrement cité dans les années à venir pour énoncer ce scandale. Pourquoi en arriver là alors que le monde est à leurs pieds ?

Quand la fin justifie les moyens...

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