Glasgow Rangers, ou la chute d’une institution Écossaise

54 Championnats Écossais, 33 coupes d’Écosse, 27 coupes de la Ligue, et une coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, décrochée en 1972 (Anciennement C2). Voici le palmarès du Rangers Football Club, le club de football protestant de la ville du même nom. De l’autre coté de la ville, chez les catholiques, nous trouvons le Celtic Glasgow, le second monstre sacré du football calédonien : 43 Championnats Écossais, 35 coupes d’Écosse, 14 coupes de la Ligue, et enfin, une Ligue des Champions, obtenue en 1967 face a l’Inter Milan.

Parlons comptable: Le championnat d’Écosse est créé en 1890 et a été organisé 116 saisons. Sur ces 116 saisons, 97 d’entre elles ont couronné l’un des deux clubs de Glasgow, ce qui représente 84% de victoire pour les deux clubs évoqués ci-dessus. Nous noterons également le record mondial détenu par les Rangers, à savoir le plus grand nombre de victoire en championnat pour une équipe de première division. Loin derrière, 3 autres équipes se partagent les miettes, à savoir Aberdeen FC, Heart of Midlothian et enfin les Hibernians d’Edimbourg, avec attention, tenez vous bien, 4 titres chacun…

A priori, pas d’inquiétude à avoir pour nos deux gros, aucune raison que les cartes ne soient redistribuées…et pourtant!

 

Pourtant quoi?

Pourtant une telle série de titres, et de victoire a un coût, qui s’élève à plusieurs millions de Livres Sterling, environ 100, ou plus de 150 millions d’euros, pour les continentaux… autant dire une montagne insurmontable, pour un club qui ne pèse plus assez lourd sur la scène européenne pour se voir redistribuer un beau pactole de droit d’image, ou attirer des joueurs d’un calibre supérieur, afin de réinitialiser un cycle vertueux.

Cette affaire débute dès en Février 2012, où l’équipe de Ally McCoist se voit retirer 10 points au classement à cause des difficultés financières rencontrées par le club. Les ennuis continuent avec l’interdiction de participation à toutes compétitions continentales pour la saison 2012/2013, quelques semaines plus tard. Le fisc britannique, voulant récupérer son dû, menace donc le club et lui demande des garanties. Les Rangers tentent de trouver un repreneur viable, et Charles Green entre en piste. Il propose un plan de redressement afin de convaincre les autorités fiscales britanniques de continuer de faire confiance aux Gers, mais sans réussite, la liquidation fiscale représentant aux yeux du fisc l’alternative la plus sure afin de stopper l’hémorragie. Charles Green parvient tout de même à racheter ce club à la dérive pour une bouchée de pain et pour tenter de lui donner un nouveau départ, nous sommes en Juin 2012.

Les causes de ce fiasco?

Les raisons de ce triste événement sont multiples, et en premier rang, nous pouvons citer le championnat écossais. A vrai dire, la Scottish Premier League est en perte de vitesse, et ses droits d’images aussi. Ce championnat occupait encore l’an passé la 15eme place au niveau du coefficient des championnats nationaux membres de l’UEFA, et le club recule encore de 3 rangs en 2012, pour s’engluer à une peu glorieuse 18ème place. A titre de comparaison, les championnats Chypriote, Autrichien ou encore Israélien, bénéficient d’un meilleur classement que celui des joueurs de cornemuse. Une fois ce constat fait, il est également nécessaire de pointer du doigt une gestion interne plus que douteuse, afin d’atteindre un tel point de non retour. L’équipe ne fait plus trembler l’Europe du football, et les plus grands noms de l’effectif sont par exemple les américains Carlos Bocanegra, Freddy Adu (L’eternel espoir américain que certains ont osé comparer à Pelé lors de ses très jeunes années), ou encore Daniel Cousin, bien connu du Championnat de France. Autant dire, rien de bien impressionnant, et c’est d’autant plus étonnant donc que le club ait atteint un tel niveau de dettes. Nous sommes bien loin de l’époque des Michael Laudrup, Paul Gascoigne, ou plus récemment Barry Ferguson.

 

Quel futur pour les Rangers?

Face à cette situation deux possibilités s’offraient aux Rangers : Le club pouvait rester dans les hautes sphères du football Écossais si les autres clubs de la ligue n’y exposaient pas leur véto, ou deuxième solution, la rétrogradation administrative pure et dure. Fut également le possible rattachement au système de ligues britanniques, mais sans beaucoup plus d’informations, en se basant sur le principe des clubs gallois de Swansea ou encore Cardiff. Le vote a donc bien eu lieu, et 25 des 30 votants ont barré la route aux Teddy Bears, et c’est donc la quatrième division Écossaise qui attend les Blues. La situation est d’autant plus catastrophique qu’elle sonne pratiquement le glas du football Écossais et de l’intérêt que pouvait lui porter le monde autour. En effet, les prochaines saisons de SPL ne verront plus s’affronter les deux géants de Glasgow, et l’absence du Old Firm représentera un vide terrible dans la vie des fans de football à Glasgow.

Un championnat en perte total d’intérêt.

Il n’est pas peu dire qu’à priori le championnat écossais s’est tiré une balle dans le pied. En votant l’éviction de l’une des deux seules équipes pouvant porter les intérêts économiques et l’exportation de ce championnat si particulier, c’est l’ensemble du football écossais qui est menacé. Que va devenir le Celtic sans son vieux compère de Glasgow? Qui sera prêt à dépenser des millions pour diffuser un championnat ou l’affiche de l’année opposera les Bhoys in Green à une petite équipe de campagne que personne ne peut situer sur une carte? Le Celtic ne peut pas porter le championnat écossais sur ses seules épaules. Il faut bien se rendre compte que dans ces contrées lointaines géographiquement, mais aussi culturellement, une équipe de foot, ce n’est pas que onze types qui courent en short en essayant de maitriser la gonfle un maximum… Une équipe de foot, c’est une équipe qu’on décide de supporter à la vie à la mort, c’est l’occasion de retrouver ses Lads le samedi après-midi au pub, autour d’une bonne mousse, et de refaire le match avec plus ou moins de lucidité dès le coup de sifflet final. C’est une partie de la vie sociale du pays, du business local. Ce derby de Glasgow n’est même pas comparable avec un Paris Vs Marseille, c’est un autre monde. Pour ceux qui ne connaissent pas ou qui ne parviennent pas à imaginer cette ambiance, je vous invite à taper, Fields of Athenry Old Firm sur youtube, je vous assure que ca donne la chair de poule.

De nombreuses questions donc nous interpellent et nous poussent à penser que la SPL s’est auto sabordée. Bien sur, le monde du football est sensé être en accord avec les règles de la société, mais dans cette affaire, il est fort à parier que la société va payer pour les excès du football.

La question de la fiscalité des clubs de football à l’échelle du continent

Ce qui arrive aujourd’hui aux Rangers, pourrait très vite arriver à d’autres équipes du continent, une fois le fair-play financier si cher à Michel Platini entré en vigueur. Le principe de cette « DNCG Européenne » visera à contrôler que les dépenses des clubs n’excèdent pas les recettes de ces derniers. Il s’agit là d’un sacré challenge dans la mesure où environ 6 clubs sur 10 en Europe, ne parviennent pas à atteindre à l’heure actuelle cet équilibre budgétaire pourtant capital. En tête de ces clubs endettés, nous retrouvons certains des plus grands noms du football européens, comme par exemple Manchester United, ou encore le FC Barcelone. Essayez d’imaginer l’un de ces deux clubs dans la situation de nos Rangers…ce pourrait être l’occasion d’un second billet de ce type.

Pour l’heure, on espère revoir les Glasgow Rangers au plus haut niveau dés que possible, afin de continuer à remplir l’étagère à trophées. Best of luck the Gers!

Comments

[Akatsuki89]

Votre remarque nous fait très plaisir. Et rend notre travail de recherche plus motivant. Y a pas que la France et PSG dans le foot. D'autres équipes, d'autres championnats méritent d'être médiatisés. Encore merci !

[gts]

je trouve le reportage très bien fait, merci de nous expliquer le pourquoi du comment dans cette histoire pour moi (et surement d'autres ) passionner de football s’intéressant de(très) loin aux championnat écossais.

[Akatsuki89]

comme le dit mon collègue, toutes les critiques sont bonnes à prendre. Bonne ou mauvaise. Cela nous permet d'avancer et si besoin est, d'apporter des modifications. Nous te prions de croire que toutes les modifications seront effectuées. Mais mis à part ces quelques points, l'article en lui-même est de très bonne qualité et je pense que tu es d'accord avec moi sur ce point. Pour un mec qui ne connait rien aux rangers ni au championnat écossais, pas facile d'expliquer la situation très clairement. Il a fait ce qu'il a pu :)

[Monkey-D-Ladis]

En effet nous ne sommes pas des spécialistes du foot écossais. C'est justement notre but, ne pas aborder les sujets que nous connaissons tous, mais s'aventurer sur des sujets que nous ne maîtrisons pas totalement. On essaye de traiter le plus sérieusement possible nos sujets, mais il est vrai qu'on commet quelques erreurs, d'ailleurs cet article a été publié au tout début, tout ne peut être parfait à son commencement. Cependant nous te remerciant d'avoir pris le temps de lire un de nos articles et d'y apporter des critiques.



Bien cordialement.

[Bast]

Vous avez l'air de bien connaitre l'histoire des rangers lol



Freddy Adu au lieu de Maurice Edu, Michael Laudrup au lieu de Brian, abstraction de la sanction UEFA qui pesait sur le Celtic en cas de réintégration du Rangers en SPL, comparer la situation du Rangers à Manchester, etc... ridicule !